La chondrocalcinose du genou est une pathologie articulaire souvent méconnue, bien qu’elle touche un nombre croissant de personnes, en particulier les plus de 60 ans. Cette affection, qui imite parfois les symptômes de l’arthrose, est causée par le dépôt de cristaux de pyrophosphate de calcium dans le cartilage. Dans cet article, nous abordons les symptômes, le diagnostic, les traitements actuels et les conseils pratiques pour vivre avec une chondrocalcinose du genou.
Table des matières
- Comprendre la chondrocalcinose du genou
- Symptômes de la chondrocalcinose du genou
- Diagnostic de la Chondrocalcinose du genou
- Traitement de la chondrocalcinose genou
- Évolution et complications possibles
- Conseils pour vivre avec une Chondrocalcinose du genou
- Quand consulter un orthopédiste ?
- Questions fréquentes sur la chondrocalcinose du genou
- Conclusion: Chondrocalcinose du genou
Comprendre la chondrocalcinose du genou
Qu’est-ce que la Chondrocalcinose du genou ?
La chondrocalcinose est une arthropathie microcristalline provoquée par l’accumulation de cristaux de pyrophosphate de calcium (PPC) dans les articulations, principalement au niveau du genou. Ces dépôts peuvent engendrer une inflammation locale et dégrader progressivement le cartilage articulaire, entraînant des douleurs, un gonflement, voire une raideur.
Différences avec l’arthrose
Bien que les deux affections puissent coexister, la chondrocalcinose peut provoquer des crises inflammatoires aiguës, contrairement à l’arthrose, qui se manifeste par une douleur mécanique progressive et des raideurs matinales brèves. La chondrocalcinose se caractérise également par des dépôts visibles en imagerie, ce qui oriente fortement le diagnostic.
Qui est concerné par la Chondrocalcinose du genou ?
- Principalement les personnes de plus de 60 ans
- Fréquence accrue chez les femmes
- Patients ayant des antécédents de troubles métaboliques (hyperparathyroïdie, hémochromatose, hypomagnésémie)
- Antécédents familiaux ou génétiques possibles
Mécanisme de la maladie
Les cristaux se forment et se déposent dans le cartilage articulaire (fibrocartilage, ménisques), provoquant parfois des poussées inflammatoires similaires à celles de la goutte, d’où son surnom de « fausse goutte ». Les chondrocytes (cellules du cartilage) libèrent des enzymes inflammatoires en réponse aux cristaux, aggravant la destruction du tissu articulaire.
Symptômes de la chondrocalcinose du genou
Douleurs articulaires
La douleur peut être chronique ou apparaître brutalement lors d’une crise inflammatoire. Elle est souvent localisée sur la face interne ou externe du genou et peut irradier vers la cuisse ou la jambe.
Inflammation aiguë (crise de fausse goutte)
- Gonflement du genou
- Chaleur et rougeur
- Raideur articulaire
- Fièvre modérée possible
- Douleur spontanée, même au repos
Difficultés de mobilisation
Lors des poussées, il devient difficile de marcher, fléchir le genou ou supporter le poids du corps. La boiterie est fréquente.
Cas asymptomatiques de la Chondrocalcinose du genou
Certaines personnes peuvent présenter une chondrocalcinose visible à la radiographie sans symptôme apparent. Ces formes silencieuses peuvent évoluer à bas bruit vers une dégradation articulaire chronique.
Diagnostic de la Chondrocalcinose du genou
Imagerie
- Radiographie du genou : montre des calcifications linéaires dans le cartilage (échappement articulaire, chondrocalcinates). La densité des dépôts est variable selon l’évolution.
- IRM / Échographie : utiles en cas de doute diagnostique ou pour identifier une atteinte associée (synovite, kyste poplité).
Analyse du liquide articulaire
La ponction articulaire permet de mettre en évidence les cristaux de pyrophosphate de calcium sous microscope à lumière polarisée. Cela permet aussi d’exclure une arthrite infectieuse.
Diagnostic différentiel
Il est essentiel d’éliminer d’autres causes :
- Arthrose (usure mécanique sans inflammation aiguë)
- Goutte (cristaux d’urate, souvent au gros orteil)
- Arthrite septique (bactérie présente dans le liquide synovial)
Examens biologiques complémentaires
- CRP et VS : peuvent être élevées lors d’une crise
- Bilan métabolique : calcium, magnésium, phosphate, ferritine
- Test génétique en cas de forme familiale précoce
Traitement de la chondrocalcinose genou
Traitement des poussées inflammatoires
- AINS (ibuprofène, diclofénac) en première intention
- Colchicine : très efficace pour réduire la fréquence et l’intensité des crises
- Corticoïdes : infiltration ou voie orale en cas de contre-indication aux AINS
Ponction articulaire
Permet de soulager rapidement la douleur en retirant le liquide inflammatoire. Elle facilite le diagnostic et améliore la mobilité en diminuant la pression intra-articulaire.
Infiltrations intra-articulaires
Les injections de corticoïdes ou d’acide hyaluronique peuvent réduire l’inflammation et améliorer la mobilité.
Voir notre dossier sur l’infiltration d’acide hyaluronique dans le genou.
Kinésithérapie de la Chondrocalcinose du genou
Un programme adapté permet de :
- Conserver l’amplitude articulaire
- Renforcer les quadriceps et ischio-jambiers
- Réduire la douleur par mobilisation douce
- Prévenir les pertes fonctionnelles
Thérapies complémentaires
- Cure thermale pour l’arthrose ou l’inflammation chronique
- Port de genouillères pour stabiliser l’articulation
- Application de glace 2-3 fois par jour
Évolution et complications possibles
Arthrose secondaire
La chondrocalcinose chronique peut accélérer la dégénérescence du cartilage, menant à une arthrose du genou, nécessitant parfois une chirurgie.
Raideur articulaire
Fréquente si les poussées sont répétées et mal prises en charge. Peut gêner la marche et les gestes quotidiens.
Atteintes multiples
Les cristaux peuvent se déposer dans d’autres articulations : poignets, épaules, hanches, chevilles. Une atteinte polyarticulaire peut être très invalidante.
Voir aussi notre article sur la tendinite du genou et la prothèse totale du genou en cas d’évolution sévère.
Conseils pour vivre avec une Chondrocalcinose du genou
- Appliquer du froid pendant les poussées inflammatoires
- Pratiquer des exercices doux (aquagym, vélo d’appartement)
- Surveiller son poids pour décharger le genou
- Consommer une alimentation équilibrée, riche en oméga-3, antioxydants, magnésium
- Limiter les aliments riches en calcium si hypercalcémie
- Respecter les traitements prescrits et consulter en cas de crise
- Éviter les mouvements brusques ou les charges lourdes
- Utiliser une canne temporairement en période de crise pour soulager le genou
Quand consulter un orthopédiste ?
- Douleurs résistantes au traitement médical
- Crises répétées invalidantes
- Gêne fonctionnelle majeure
- Instabilité ou déformation visible du genou
- Préparation à une chirurgie prothétique du genou
Un avis spécialisé permet d’adapter la prise en charge à votre situation. Il peut proposer des examens complémentaires, des infiltrations ciblées ou, en dernier recours, une intervention chirurgicale.
Questions fréquentes sur la chondrocalcinose du genou
Oui, mais avec précaution. Privilégiez les activités douces et sans impact : marche, vélo, natation. Évitez le jogging et les sports de pivot.
Oui. L’atteinte est souvent bilatérale ou associée à d’autres articulations. Un suivi global est recommandé.
La chondrocalcinose ne se guérit pas, mais elle peut être bien contrôlée. Le traitement repose sur :
Les anti-inflammatoires (AINS, colchicine) pour calmer les crises ;
Les infiltrations de corticoïdes ou d’acide hyaluronique en cas de douleurs persistantes ;
La ponction articulaire, qui soulage rapidement lors des poussées ;
La kinésithérapie adaptée, pour maintenir la mobilité et prévenir l’ankylose ;
La prévention des crises par le contrôle des facteurs métaboliques (calcium, magnésium, fer).
La chondrocalcinose n’est pas une maladie mortelle, mais elle peut devenir invalidante si elle n’est pas traitée correctement. Les crises aiguës sont très douloureuses et peuvent gêner fortement la marche. À long terme, elle peut entraîner une arthrose secondaire, une raideur articulaire ou la nécessité d’une prothèse du genou.
Les dépôts de cristaux de pyrophosphate de calcium sont favorisés par :
Le vieillissement du cartilage (usure naturelle) ;
Des troubles métaboliques comme l’hyperparathyroïdie, l’hémochromatose, l’hypomagnésémie ;
Un traumatisme articulaire ancien ;
Un terrain génétique dans les formes précoces ;
Certaines chirurgies articulaires (par exemple méniscectomie).
Aucun régime ne guérit la chondrocalcinose, mais certains conseils peuvent réduire les crises et améliorer le confort articulaire :
Favoriser : poissons gras (oméga-3), légumes verts, fruits rouges, curcuma, eau riche en magnésium.
Limiter : produits laitiers en excès, alcool, viandes rouges, plats ultra-transformés riches en additifs.
Éviter les régimes riches en calcium si l’on présente une hypercalcémie associée.
Conclusion: Chondrocalcinose du genou
La chondrocalcinose du genou est une maladie articulaire fréquente après 60 ans. Bien que non curable, elle peut être contrôlée efficacement grâce à une prise en charge médicale ciblée, un mode de vie adapté et un suivi régulier. En cas de doute, de douleurs persistantes ou de crise aiguë, consultez votre médecin ou un orthopédiste spécialisé.
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Références scientifiques
- Rosenthal AK, Ryan LM. Calcium Pyrophosphate Deposition Disease. N Engl J Med. 2016;374(26):2575-2584. doi:10.1056/NEJMra1511117 *
- Zhang W, Doherty M, Bardin T, et al. European League Against Rheumatism recommendations for calcium pyrophosphate deposition. Ann Rheum Dis. 2011;70(4):563-570. doi:10.1136/ard.2010.139105 *